Graffiti jam @ Le Soute by RepyOne

Retour sur un week-end haut en couleurs au Soute (Îlot de Gramont à Vichy), les 23, 24 & 25 Juin 2023.

250 litres d’un mélange verdâtre de peintures auront permis de recouvrir l’intégralité de l’îlot de Gramont – soit 1000m2 du sol au plafond – dédiés à recevoir les pulvérisations et autres coups de pinceaux d’une trentaine de street-artistes, pendant 3 jours.

“Pourquoi gaspiller de la peinture en vue d'une démolition? Qui paye? “ “Il y a un arrêté officiel ?” - “Non, rien n’est légal.”

Voilà le genre de commentaires qu’on pouvait trouver sur les réseaux sociaux la semaine précédent le festival, les façades de l’îlot fraîchement repeintes…

Étant dans la “confidence” (il suffit pour ce faire de suivre les comptes de l’asso @lesoute.uac sur Instagram, TikTok ou encore Facebook), nous attendions avec impatience l’arrivée des artistes urbains et graffeurs venu(e)s des 4 coins de la France, sur invitation de Pierre, aka RepyOne, leader du Soute.

Nous avons passé un week-end à échanger avec quelques un(e)s des peintres bénévoles, à les observer et à les photographier, à discuter et trinquer avec eux en toute convivialité, à entendre des passant(e)s d’un certain âge s’extasier devant tant de talents, les mirettes pleines d’étoiles, ou encore à danser sur le son distillé par Kiki et son groove truck, pendant que d’autres se régalaient avec les pizze envoyées par Caminito !

En plus des quelques 1500 clichés réalisés pendant ce week-end de 3 jours, nous en avons profité pour poser quelques questions à Pierre, a posteriori…

📸 Le reportage photo est disponible ici

Pierre, au lancement du projet, en Décembre 2020, avais-tu déjà en tête l'organisation de ce festival de clôture ?

Alors pas du tout… Au lancement du projet, on ne savait pas du tout où on allait. Et toutes ses expositions, elles se sont faites un petit peu au feeling avec, avec une équipe solide qui a pu permettre de faire tout ça.

Qui a choisi la palette de nuances ?

Ça s’est fait d’un commun accord. En fait, c’est vraiment le fond verdâtre qui a décidé un peu ce combo de couleur. On est aidé par Zolpan, qui nous donne beaucoup d’invendus et de fausses teintes, et on ne choisit pas les couleurs. Il s’avère que quand on a mélangé toutes toutes ces couleurs ensemble, ça donne un marron caca d’oie dégueulasse dont on ne voulait pas. Donc on a viré les teintes trop chaudes, les rouges notamment, pour obtenir ce vert un peu kaki. Ça a été la grande surprise. Ça n’a pas été un choix artistique, plutôt un choix par dépit… Mais finalement on est bien content de ce vert !

Ça n'a pas été un choix artistique, plutôt un choix par dépit… Mais finalement on est bien content de ce vert !

Pour les bombes, sachant qu’on avait comme base ce vert là, on a essayé de trouver un combo un petit peu frais qui pouvait convenir avec le fond. On est donc parti sur trois teintes de kaki, auxquelles on a ajouté du turquoise, du rose, et un jaune citron pour apporter un peu de fraîcheur à l’ensemble…

Comment as-tu sélectionné les artistes pour ce tout premier festival graffiti en cœur de ville ?

C’est que des potes de graffiti, des gens que je croise sur ma route dans ce genre d’événement, puisque beaucoup sont organisés régulièrement à travers la France. Et j’ai la chance d’être invité pour ces jams. C’est des mecs que j’ai croisé sur ma route avec qui le feeling est bien passé. J’aime bien leur travail, du coup, je leur ai proposé de venir à Vichy…

En ce qui concerne la sélection locale, avais-tu convié des représentants de la old school* vichyssoise ? Si oui, pourquoi n’ont-ils pas répondu présents ?

(*NDLR : ancienne école. Graffeurs officiant souvent illégalement dans les années 1990/2000, principalement dans les friches industrielles : ASEI/KRSN (Jan Garet), Dia110, Deks76, Sesk ou encore Myze… pour ne citer qu’eux).  

Non. En fait, il n’y a plus beaucoup de représentants de la old school vichyssoise. Il s’avère qu’à Vichy il y a très peu de street-artists réellement actifs. Moi, ce qui m’intéresse, c’est les mecs sérieux qui sont capables de taper de gros supports, et sur qui on peut compter. En l’occurrence, il n’y a pas beaucoup de noms de graffeurs du secteur qui me sont venus en tête. 

Es-tu satisfait du résultat ? Répond-il à tes “attentes” ?

Complètement ! Après je n’avais aucune attente particulière. Le but était de faire plaisir à tout le monde : les artistes et les copains, les bénévoles, les partenaires et le public. Et pour le coup c’est cent pour cent de réussite !

A posteriori, as-tu des regrets ?

Non aucun, si ce n’est que j’aurais bien aimé peindre et participer, mais étant organisateur j’ai bien fait de ne pas le faire, sinon je me serais tiré une balle dans le pied. Malgré tout je pense que j’aurais un petit peu de temps avant la destruction pour faire une petite pièce quand même. Et puis ne pas avoir pu peindre les Fous du Roy et la maison d’à côté peut-être…

L’îlot Gramont étant voué à la destruction, le Soute va devoir se déplacer pour continuer à exister… En exclusivité, peux-tu nous en dévoiler un peu sur la suite ?

... mais la mairie se plaignait en disant “Oui mais on veut vous garder sur Vichy…”

Il n’y a rien de fait. Donc je ne dirai pas où ça se situe, puisque tant que ce n’est pas signé, on ne va pas s’emballer. Mais on a déjà une piste, pas forcément en centre-ville, mais toujours sur Vichy par contre… On a plusieurs pistes à droite à gauche, même en dehors de Vichy, mais la mairie se plaignait en disant “Oui mais on veut vous garder sur Vichy…” ce qui, avouons-le, est quand même assez gratifiant.

Quel(s) lieu(x) inaccessible(s) rêverais-tu de “redécorer” et/ou d’investir sur Vichy et environs ?

On rêve d’avoir des bâtiments un peu plus pérennes. C’est sûr qu’habituellement on nous donne accès à des lieux qui sont toujours en transition. C’est un peu la vocation du graffiti et du street-art en général et du street art : intervenir dans des lieux abandonnés, un peu moches. Mais oui, avoir pignon sur rue ça pourrait être intéressant…

À un moment j’avais des vues sur le bâtiment de la Banque de France, avant qu’il soit racheté, Je regardais un petit peu, je me disais ça pourrait être cool, mais il y avait des contraintes. Puisqu’il est en centre-ville, il y a des difficultés de stationnement…. Bref, c’est compliqué. On n’a pas de devanture non plus, et pour nous artistes, c’est important de promouvoir en façade les expos réalisées à l’intérieur. Sur celle du Soute, beaucoup de monde parlait à chaque fois que nous reprenions la devanture en vue d’une exposition. C’était devenu un leitmotiv, le fait de changer à chaque fois, et la façade devenait ainsi un véritable support de communication.

On te laisse le mot de la fin…

Merci pour cette aventure. On a retourné Vichy ! Et puis restez connecté(e)s, il y en aura d’autres… 😉

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Par  Walter FAURE
Photo © Walter FAURE 
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